En
moyenne oui, les enfants qui ont participé à l’étude ont un temps de
sommeil qui correspond à leur âge (de 9 à 11 heures, entre 6 à13 ans).
Mais il y a tout de même plus 30% d’élèves qui ne ne dorment pas assez :
17% des CE2-CM2 s’endorment après 22 heures. Et 20% des collégiens
après 23 heures. Des données tout à fait comparables aux résultats
d’autres études.
Pourquoi ne dorment-ils pas suffisamment ?
Parce
qu’ils ont de plus en plus souvent des occupations le soir qui
empiètent de sur leur temps de sommeil. Ils se couchent et s’endorment
plus tard et comme le lever est rythmé par l’école, ils sont en manque
de sommeil en période scolaire. En week-end ou en vacances, en revanche,
ils récupèrent.
Quelles sont ces occupations ?
La
télévision pour les plus jeunes, généralement jusqu’à la fin de l’école
primaire. L’ordinateur, la console de jeux vidéo et surtout le
smartphone pour les autres. Plus de 90% des élèves de 4e et de 5e
interrogés ont un portable, dont 83% un smartphone (28% en CM1-CM2, dont
60% de smartphones). L’usage du téléphone dans la chambre, avant le
coucher, est donc devenu très fréquent. Les ados regardent des vidéos,
se connectent aux réseaux sociaux (surtout Snapchat et Instagram) ou
envoient des SMS. Ils restent connectés aux copains, même dans leur lit.
C’est un vrai changement de comportement. Alors qu’ils devraient être
au calme pour se préparer au sommeil, ils sont, au contraire dans une
activité très stimulante sur le plan intellectuel et émotionnel. Il n’y a
pas de rupture par rapport au rythme de la journée.
Consultent-ils leur smartphone la nuit ?
La
question n’a pas été traitée sous cet angle dans l’enquête. Mais 26%
des collégiens interrogés gardent leur smartphone allumé et connecté
près d’eux la nuit. Dans une autre étude à laquelle j’ai participé, 10%
se réveillaient pour répondre aux sollicitions et pouvaient même passer
une heure ou deux à discuter.
Les parents sont-ils au courant de ces pratiques ?
Dans
l’étude menée à Jeanne d’Arc, seul un parent sur deux reconnait
contrôler les écrans. Les autres ne donnent pas de consignes et
autorisent les enfants ou les ados à emmener le téléphone dans leur
chambre sans même vérifier qu’il est déconnecté. Dans cet établissement,
comme ailleurs, les parents sont un peu dépassés par ces nouveaux
outils et ne réalisent pas toujours qu’ils présentent des risques. Cela
peut se comprendre car les smartphones sont arrivés très vite dans nos
vies et leur généralisation auprès des enfants est encore plus récente, à
peine 3 ou 4 ans. Les parents n’ont donc pas encore eu le temps de
concevoir un mode d’emploi. D’autant qu’il n’y a pas une prise de
conscience collective sur le potentiel de ces nouvelles technologies et
leurs dangers possibles pour les plus jeunes.
Quels conseils donner aux parents ?
Il
faut leur dire que ces outils sont incompatibles avec le sommeil car
pour dormir, il faut être déconnecté, au calme, recentré sur soi. Or, la
présence d’un smartphone dans le lit maintient au contraire dans un
état d’éveil et d’alerte qui empêche l’endormissent. Non seulement il
est important d’interdire le portable dans la chambre des ados et à
fortiori des enfants, mais il est même indispensable de les déconnecter
au moins une heure avant le couchage, notamment pour les plus jeunes.
Au-delà de la stimulation intellectuelle, la luminosité des écrans a
également des conséquences sur le sommeil. Cette lumière bloque la
sécrétion de mélatonine, l’hormone des rythmes biologiques, et fait
croire au cerveau qu’il fait encore jour. La phase d’endormissement est
donc retardée et comme il faut se lever à la même heure le lendemain,
beaucoup de jeunes sont en manque de sommeil.
Quelles sont les conséquences d’un manque de sommeil ?
On
sait que la privation de sommeil diminue la capacité de concentration
et de mémorisation, ce qui peut avoir des éffets sur l’acquisition des
compétences scolaires. Aucune étude ne fait de lien direct entre le
manque de sommeil et les résultats à l’école, mais il est évident qu’un
enfant qui n’a pas assez dormi n’est pas dans les meilleurs conditions
pour apprendre. On sait également que la privation de sommeil joue sur
l’humeur. Le jeune qui est fatigué va être plus irritable, plus grognon
et plus nerveux, ce qui peut peser sur la vie de famille.
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